Stephen Bouquin, sociologue et professeur à l’université d’Evry, directeur de publication de la revue Les Mondes du Travail, répond aux questions sur la transformation du statut de l’emploi, la précarisation du travail et les perspectives de mobilisations dans ces secteurs.
Marina Garrisi: On a l’impression que la précarité s’est généralisée en France ces dernières décennies, avec la multiplication de statuts d’emploi “atypiques” : intérim, CDD, micro-entrepreneurs, travail au noir, etc. Est-ce que cela correspond à une dynamique globale du capitalisme français ? Plus généralement, comment comprendre la précarité ?
Stephen Bouquin : On peut avoir le sentiment que ce qu’on appelle la « précarité » s’est généralisée en effet. Toutefois, en termes de proportions, on reste dans un rapport d’environ 10% à 15% de « précaires » par rapport à l’ensemble de la population salariée en activité. L’intérim représente 1,5% de l’emploi même si en volume il englobe quand même 700 à 800 000 équivalents temps plein, sur un total de 25 millions environ. Ce n’est pas non plus une quantité négligeable. Mais à première vue, l’emploi régulier reste la « norme ».
Ce qu’on observe aussi, c’est une montée du temps partiel. En vingt-cinq ans, il est passé d’environ 1,5 million à 5 millions. Parmi les cinq millions d’emplois en temps partiel, 3,8 millions – soit 76 % – sont occupés par des femmes, une proportion qui s’est légèrement réduite depuis 2008. 29,3 % des femmes occupent un emploi à temps partiel, contre 8,4 % des hommes. Mais la part de temps partiel subi augmente. Le temps partiel subi (lorsque les gens désirent travailler davantage) est passé d’un rapport d’environ 3 sur 10 à 1 sur 2. Ce temps partiel subi est lui encore massivement féminin : 1,1 million de femmes sont concernées contre 420 000 hommes.
La crise de 2008 a d’abord fait disparaître les CDD et réduit le volume d’intérim – par effet de réduction de l’activité économique – mais cela n’a pas duré longtemps. Le volant de main-d’œuvre flexible est revenu au galop pour atteindre le même niveau d’avant la crise qui signifie qu’il s’agit d’une donnée désormais structurelle. J’y reviendrai.
Ce qui est tout aussi important, c’est le fait que l’emploi « atypique » se concentre sur les moins de 25 ans. Parmi les jeunes de 15 à 24 ans qui travaillent, plus de la moitié ont un emploi précaire, contre 17 % au début des années 1980. Pour les 25-49 ans, le taux « d’emploi atypique » est passé de 3 % à 12 % en quatre décennies.
Quand on regarde du côté des pays où les réformes néolibérales du marché de l’emploi sont beaucoup plus avancées, tels que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, on observe que les petits boulots explosent. Au RU, un travailleur sur quatre travaille à temps partiel, 8,5 millions de personnes avec une moyenne de 16 heures par semaine. Le nombre de contrats à zéro heures se rapproche des 2 millions. Ce sont des contrats où on reste standby, disponible, on est en gros payé à la tâche quand il y en a. Dans certains secteurs comme l’hôtellerie et la restauration, leur part dans l’effectif atteint les 20%, dans le secteur de la santé 15% et dans l’éducation toujours 10%. Chez Mac Do, 90% de l’effectif travaille avec ce type de contrats. Cela correspond en quelque sorte à un CDI vide de sens, puisque l’employeur peut licencier comme il veut et qu’il n’a aucun engagement à respecter quant au volume horaire de travail. C’est de l’esclavage postmoderne…
Toutes les politiques de l’emploi dans l’UE et en dehors de celle-ci poussent dans cette direction. Le raisonnement étant que moins il y a de protections ou de garanties collectives, plus vite se fera l’ajustement offre/demande sur le marché de l’emploi. Du point de vue néo-classique ou néolibéral, les protections, les droits sont considérés comme étant la cause de distorsions qui réduisent « la performance du marché du travail ». Dit autrement, moins le salarié dispose de sécurité socio-professionnelle, plus vite il ou elle va s’adapter et maintenir son employabilité, même si le prix à payer est une condition salariale dégradée.
Cette rationalité est absolument inacceptable du point de vue humain. Mais quand on regarde froidement les choses, si on classait les contrats à zéro heures et les petits temps partiels parmi les chômeurs cherchant un vrai boulot à temps plein, le taux de chômage du Royaume Uni ou des Etats-Unis atteindrait facilement les 8 à 10%. Le démantèlement des protections et garanties collectives a pour finalité de créer une zone « grise » d’emplois au rabais, mal payés, et de mobiliser ce segment pour déstabiliser ou détricoter l’emploi régulier.
On ne peut appréhender correctement la « précarité » sans regarder ce qui affecte l’ensemble des salariés. Pour les stables, qui sont souvent des stables « en sursis », ils vivent l’intensification du travail, le stress et l’injonction d’une performance ou d’une excellence bien souvent difficile à atteindre avec le lean management (la réduction constante des ressources). Il faut donner toujours plus à moyens constants… La rationalisation du travail des ingénieurs et des techniciens équivaut à une dévalorisation symbolique. En numérisant les espaces de travail et le processus de production, le management peut surveiller et sanctionner. Le nouveau management public est en train de faire souffrir le corps enseignant comme celui du secteur hospitalier. La garantie d’emploi est là, mais le métier se dégrade.
En dix ans, on a vu la pauvreté augmenter de façon significative. On dépasse désormais les 9 millions de pauvres dont 2 millions travaillent (si on fixe le seuil à 60% du revenu médian). On retrouve un nombre grandissant de personnes qui sont désormais considérées comme « surnuméraires ». Ce sont les personnes qui ont perdu pied, qui perdent leur logement, et dont certains finissent comme SDF. La pauvreté a gagné du terrain parmi les actifs, toutes les statistiques le démontrent. Mais il est toujours honteux d’évoquer la pauvreté, comme si l’individu était fautif. Heureusement que la révolte des Gilets jaunes a mise cette question sur le devant de scène et qu’au sein du monde du travail, on ne regarde plus les « cassos » (cas sociaux) de la même manière.
RP : On dirait que tu parles d’un grand complot…
SB : Presque… Disons que pour le patron, le chômage n’est pas un problème mais une solution… Inversement, moins il y a de chômeurs, plus les exigences des salariés vont se manifester. Le salaire de réserve (le montant à partir duquel on est prêt à accepter le poste de travail vacant) et le salaire d’efficience (celui à partir duquel on commence à être efficace) vont augmenter. Au début des années 1970, lors de la conférence de la Trilatérale, en présence du réseau de Bilderberg, les experts ont souligné devant un parterre de patrons de multinationales et de banquiers que dans les pays de l’OCDE, le capitalisme était menacé par deux phénomènes : trop de démocratie et pas assez de chômage. Le trop de démocratie renvoyait au fait que l’action parlementaires et les mobilisations populaires avaient trop d’impact sur les politiques gouvernementales. Le « pas assez de chômage » renforçait le syndicalisme et lui permettait d’arracher de nouvelles conquêtes sociales. Sans le dire, ces experts plaidaient en faveur d’une reconstitution de l’armée de réserve industrielle, célèbre formule de Marx.
Cette armée de réserve a été reconstituée au cours des années 1970-1990, par le choix de la désindustrialisation, de l’automatisation et aussi en bloquant la tendance historique à réduire la durée du temps de travail. Si on avait poursuivi cette dernière comme durant les « trente glorieuses », simplement en transformant les gains de productivité en réduction du temps d’emploi, on ne travaillerait que 32 heures semaine en moyenne à la fin des années 1990… C’est dire.
Depuis la fin des années 1990, et surtout durant la première décennie des années 2000, les politiques de l’emploi se sont attaquées aux droits des chômeurs, en réduisant les montants des allocations, en réduisant la durée d’indemnisation et en rendant l’ouverture aux droits plus difficile. Parfois aussi à l’aide du Workfare, ou de mesures Harz IV, obligeant les demandeurs d’emploi à accepter des petits boulots au rabais. Les demandeurs d’emploi se voient être contraints d’accepter plus rapidement n’importe quelle offre d’emploi, peu importe si cela correspond à leur qualification, leur branche d’activité, si l’emploi est proche ou lointain du domicile, etc. Ces politiques ont mobilisé la dite armée de réserve contre les actifs, tout en exacerbant la concurrence entre demandeurs d’emploi. Quant aux formes d’emploi atypiques, celles-ci représentent une sorte de construction socio-juridique bien utile. L’intérim comme les CDD offrent à l’entreprise l’avantage de disposer d’un volant de main d’œuvre flexible. Pour l’effectif en CDI, le fait qu’un tel volant existe est gage de sécurité car en baisse d’activité, ce sont les autres qui trinquent. En même temps, les « précaires » travaillent plus vite, prennent les tâches plus ingrates et cette condition de temporaire devient en quelque sorte la rampe d’accès pour l’emploi stable. Il s’agit d’une condition qui permet de discipliner tout le monde à peu de frais. Donc pour résumer, le chômage et la dégradation de l’emploi sont bel et bien fonctionnels pour tirer vers le haut la compétitivité, ou pour parler en termes marxistes, élever le taux d’exploitation de la force de travail.
RP : Tu sembles réticent par rapport à la notion de précarité. Pourquoi ?
SB : En effet, je pense que cette notion n’est plus d’une grande aide aujourd’hui. Les concepts doivent nous aider à mieux voire et comprendre la réalité. Ce qu’on appelle précarité recouvre une très grande variété de situations. Certains sociologues expliquent qu’il faut parler de précarisation et non de précarité, car il s’agit d’un processus qui va bien au-delà des précaires et qui déstabilise les stables (CDI) et que cette précarisation englobe aussi les conditions de vie, la santé, l’accès au services publics. Or, en mettant un grand nombre de situations dans le même sac, on laisse dans l’ombre ce qui est en train de se développer vraiment.
Un nombre conséquent de « précaires » sont des travailleurs pauvres, tant parce qu’ils ou elles ne sont pas assez payés que parce qu’ils alternent emplois temporaires mal payés et périodes de chômage sans beaucoup de revenus. Le phénomène des travailleurs pauvres, qu’on appelle dans les pays anglo-saxons low wage workers et les working poors, a augmenté de façon continuelle depuis une quinzaine d’années.
Il y a aussi l’uberisation du travail, la montée de l’auto-entrepreneuriat et autres formes d’activité qui se situent en dehors de la relation salariale. La moitié des auto-entrepreneurs gagnent moins que le SMIC, sans véritable protection sociale. C’est de l’auto-exploitation pure ! Les nombreuses trottinettes à Paris sont ramassées la nuit par des équipes constituées à 100% par des juicers (juice ou jus signifie électricité, NDLR) tous auto-entrepreneurs. A la fac, où le nombre de vacataires explose, ces derniers peuvent également utiliser le statut d’auto-entrepreneur. Initialement, ces vacataires faisaient 100 heurs de cours pour 3300 euros net– ce qui est déjà la moitié du service d’un enseignant chercheur – là certains font 300 heures par an pour avoir un salaire lissé de 1500 euros sur 10 mois.
Je dis ça pour attirer l’attention sur le fait que la notion de « précarisation » tend à masquer la surexploitation. C’est l’arbre qui cache la foret. Les taux de salaire sont parfois les mêmes, mais pas toutes les heures sont prises en compte. Ainsi, chez les vacataires, les heures de préparation des cours ne sont pas prises en compte, c’est donc du travail gratuit. Pour les statuts externes au salariat, tels que les auto-entrepreneurs, comme pour le travail indépendant ou en freelance, on a du travail à la tâche, ou payé sur une base forfaitaire, mais qui dissocie prestation et temps de travail.
Ensuite, l’activité de labeur se détache de la protection sociale, des droits à la retraite, de l’assurance maladie, etc. Il y a aussi la montée du travail gratuit, celui des apprentis et stagiaires qui doivent en faire beaucoup pour pas grand-chose, les services à rendre et autres formes d’engagement professionnel qui ne sont pas reconnus comme faisant partie du travail à rémunérer.
RP : Est-ce que les précaires peuvent lutter ?
SB : Bien sûr, et ils le font mais rarement en tant que « précaires ». Cette appellation nous vient du latin precarius « obtenu par la prière », ce qui n’est donc pas assuré. En droit, cela renvoie à ce dont on ne jouit, dont on n’a pas l’usage sauf par une concession toujours révocable au gré de celui qui l’a faite. C’est donc un terme qui offre très peu de ressources symboliques, et il déprécie plutôt la capacité d’action et de mobilisation. Dans le cas des « précaires », on peut être indigné, voire révolté, sans pour autant avoir compris pourquoi. On peut très bien penser qu’on mérite ce destin car on n’a pas été un bon élève ni suffisamment persévérant pour mériter un CDI. Bref, il faut s’agenouiller et prier plus souvent…
Il n’est donc pas étonnant de constater que là où des luttes se développent, c’est en mobilisant d’autres appellations qui facilitent la cristallisation de l’action collective. Le « nous, on n’en veut plus, on s’organise et on agit » apparaît également autour d’un statut ou un métier. C’était le cas des intermittents du spectacle, qui ont construit un statut spécifique avec un régime spécifique d’assurance chômage, certes mis à mal mais qui il existe toujours et leurs mobilisations y sont pour beaucoup. On peut dire la même chose des coursiers Deliveroo qui sont mobilisés dans beaucoup de capitales européennes pour améliorer leurs conditions de rémunération.
L’histoire du mouvement ouvrier est très riche en luttes de « précaires ». Ainsi, les manutentionnaires dans les ports étaient souvent les plus mal lotis. Charger et décharger les cargaisons, c’était du louage de main-d’œuvre pur, avec mise en concurrence des personnes et des équipes. Historiquement, dans beaucoup de pays, ils étaient parmi les plus « précaires » si on veut. Pour sortir de cette condition, les dockers ont délimité un périmètre professionnel, construit un socle de droits et obtenu par la lutte – très dure aux début – la garantie d’une continuité de salaire, indépendamment de l’activité portuaire, que le bateau arrive à bon port ou non. La force des dockers, c’est ça.
RP : La précarité n’est donc pas une barrière insurmontable à la mobilisation de travailleurs et de travailleuses dans ces secteurs ?
SB : Absolument pas. J’ai participé à une enquête comparative européenne sur l’action collective des « précaires » et la première chose qui m’a frappé, c’est combien le terme perdait son usage dès lors qu’une action s’enclenchait. Chainworkers pour la restauration rapide, livreurs-coursiers de Deliveroo et uber-eat, idem pour les services de nettoyage de bureau. Souvent, ces actions prennent pour cible non pas l’instabilité contractuelle mais la surexploitation, ou les « bas salaires ». Il y a aujourd’hui des campagnes très vigoureuses aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, au Pays-Bas ou en Belgique pour un salaire minimum horaire à 14 euros (à 12 livres sterling, 15 dollars). Il y a aussi des campagnes syndicales comme « vos toilettes – nos papiers » menée par la Confédération Syndicale Chrétienne à Bruxelles qui mobilise les travailleurs sans papiers autour de l’enjeu de leur régularisation et d’une rémunération décente. Ces actions démontrent que se battre contre l’injustice que représente la surexploitation mobilise les premiers concernés et qu’elle peut avoir des effets.
RP : Comment initier ces combats en France ?
SB : En France, ce combat se menait dans les entreprises à partir du Code du travail qui reste une ressource. En 2004-2006, dans le secteur de l’automobile, des centaines d’intérimaires se sont vu attribuer un CDI après un recours devant les prud’hommes. C’était une action conjointe des intérimaires et des syndicats de ces entreprises. Mais là, dans le moment présent, avec une large mobilisation contre la réforme des retraites, il faudrait plutôt mettre en avant des revendications interprofessionnelles ou inter-catégorielles qui permettent d’unifier les segments du salariat. Je pense qu’il faut une autre loi Travail, qui interdise le temps partiel de moins de 20h, qui limite le nombre de CDD à une période de 3 ans avec une durée minimale de 6 mois, avec une prime intégrée au salaire (vacances et droit à la formation). L’intérim devrait être également beaucoup plus limité comme le défendent un certain nombre de juristes. Il faudrait une retraite de 1500 euros minimum, quelque soit le nombre d’heures ou de contrats accumulés sur les années. La CMU offre une garantie au niveau de l’accès aux soins de santé mais il faudrait consolider ce type de droits inaliénables, universels si tu veux. Pas de retraite-gruyère ni de qualité de soins en fonction de cotisations à l’une ou l’autre mutuelle. Le régime général devrait tendre vers un socle de droits garantissant une vie décente, qui ne porte pas atteinte à la dignité humaine. Ensuite, il faut en finir avec formes juridiques qui autorisent l’auto-exploitation : abrogation du statut d’auto-entrepreneur, et imposition d’un contrat de travail à toute situation où la personne travaille plus de 40% pour le même commanditaire sur une période de six mois. Les vacataires de l’université, qui n’ont pas d’activité professionnelle extérieure à l’enseignement devraient tous obtenir un CDD de 5 ans pour commencer. Il faut en finir avec l’ubérisation du travail. Un mouvement social d’ampleur comme celui que nous vivons doit oser formuler des revendications offensives ! Il y en a certainement beaucoup d’autres, il faut en discuter.
RP : Quels sont les rapports entre syndicats et précaires ?
SB : Ca dépend en grande partie de la nature du mouvement syndical, de comment il s’organise et si il accepte ou pas de représenter uniquement les insiders. En France, le syndicalisme est divisé, minoritaire, et militant. Il est quasiment inexistant dans les entreprises de moins de 50 salariés. La sous-traitance n’aide pas non plus. Mais en même temps, au cours d’un mouvement social, tout cela peut changer. C’est à ce moment-là qu’un syndicalisme « de combat » peut s’ouvrir et accueillir de nouveaux secteurs du salariat, comme les jeunes surexploités dans la logistique, souvent issus des quartiers populaires et originaires des anciennes colonies. C’est maintenant qu’un syndicalisme peut faire la démonstration de sa force, de son utilité. Il ne peut réussir cela qu’à condition de défendre des revendications offensives.
Dans d’autres pays, avant de mener une action revendicative efficace, on passe toujours par la case « organisons les travailleurs ». Parfois, cela se fait via des collectifs, ou des campagnes, parfois c’est l’interpro qui s’en charge, parfois une fédération professionnelle.
Dans les pays qui connaissent un mouvement syndical « jeune », comme la Corée du Sud avec la KCTU, depuis plus de dix ans, ce syndicat mène une action puissante qui vise à obtenir pour les travailleurs irréguliers les mêmes droits de retraite, de congé maternité, de prime de vacances, en cas de maladie ou de chômage. En 15 ans, ils ont réussi à réduire l’écart entre stables et casual workers en termes de salaires, de provisions et de protections de plus de la moitié.
Dans bon nombre de pays, un syndicalisme combatif est en train de changer la donne, mais pour réaliser cela, il a fallu abandonner les cadres de pensée du néolibéralisme et ne plus porter les défaites du passé. Il faut donc rajeunir les équipes et les instances, modifier les pratiques syndicales, ne pas se laisser engluer dans un dialogue social vide de sens et surtout sans résultats pour le quotidien des travailleurs. Il faut organiser les inorganisés, former des militants qui osent élever la voix et qui n’ont pas peur de la répression, qui existe bien sûr et cela d’autant plus que le syndicalisme renoue avec les meilleures traditions de lutte.