Pour éviter le désastre : défendre le « travail vivant » et le bien commun

« Marx disait que les révolutions sont la locomotive de l’histoire. Peut-être que les choses se présentent autrement. Il se peut que les révolutions soient l’acte par lequel l’humanité qui voyage dans le train tire les freins d’urgence » (Walter Benjamin, Thèse XVIII sur le concept de l’histoire, cité par Michael Löwy (2016)

D’année en année, la question écologique prend de l’ampleur jusqu’au point d’envahir toutes les autres questions, que ce soit le mode de gouvernance, la pandémie, les inégalités sociales ou l’économie tout simplement. Mais la compréhension théorique de cette déferlante n’est pas toujours au rendez-vous, loin s’en faut. Notre article a pour objectif de contribuer à une clarification aussi urgente du point de vue scientifique que pratique. Qu’est-ce que la « crise écologique » nous dit d’elle-même ? Ce sera l’objet de notre premier point introductif. Comment penser ce que l’on désigne par « nature » et quel rapport établir entre celle-ci et la société ? Si les approches dualistes sont critiquables parce qu’elles ont servi de justification de la domination de la nature, faut-il pour autant privilégier une approche « moniste » qui fusionne nature et société ? Nous ne le pensons pas et soulignons dans ce second point l’importance d’une orientation épistémologique fondé sur un naturalisme critique à la fois matérialiste et dialectique. Nous présenterons dans un troisième point une série d’analyses qui reconnaissent le rôle premier du « capitalocène » dans la crise écologique. Mais cette critique du « capitalocène » gagne à intégrer celle du patriarcat, ce que nous ferons dans un quatrième point qui présente les approches écoféministes matérialistes. Nous reviendrons dans un cinquième point sur la catégorie du « travail vivant » comme une entité « corpo-réelle », à la fois naturelle et sociale, ce qui permet par la même occasion d’articuler la question laborieuse et sociale avec la question écologique et oriente tant le regard que l’action vers une économie du bien commun. En conclusion, nous reviendrons brièvement sur l’urgence de la crise écologique pour souligner l’importance d’une bifurcation systémique et la construction d’un horizon commun. (…)

Stéphen Bouquin, « Pour éviter le désastre: défendre le “travail vivant” et le bien commun » Publié in Les Mondes du Travail, n°29, mars 2023, pp. 187-210. 

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