Depuis début janvier, 2020, en l’absence de cours et avec peu de partiels, j’entame une « immersion » dans les mobilisations. Parfois en visitant des assemblées générales, des piquets ou encore en participant à des manifestations, à Paris et en province (Amiens, Montpellier). L’objectif est d’écouter, de participer à des discussions et prendre la « température ». Pour bien faire, il faut surtout savoir perdre son temps… Ce n’est pas totalement de l’observation participante, même si il y a des analogies. Dans le jargon militant, ce type de pratique existent et s’appelle faire un « travail de bouton de veste ». Certains le font en parlant beaucoup trop, à l’instar des Témoins de Jéhova. D’autres le font en sachant tendre l’oreille, en glissant ici et là une idée pour susciter la discussion, pour ensuite savoir convaincre et gagner l’adhésion évidemment. Pour ma part, j’ai opté pour une formule de type « reportage », proche d’un journalisme attentif à tous les détails, tout en essayant de comprendre le sens des mots utilisés par mes interlocuteurs.
extrait de Bouquin S. (2020), « Raisons d’agir (ou pas) ? », in Les Mondes du Travail, Hors-série mobilisations et grèves, mars 2020, (pp. 75-86).