Quand le collectivisme refait surface. A propos de John Kelly «Rethinking Industrial Relations: Mobilizations, Collectivism and Long Waves»

Aux Etats-Unis, le syndicat de l’UAW (United Automobile Workers) a lancé un mouvement de grève dans les usines des trois constructeurs que sont Ford, GM et Stellantis ; une première depuis les années 1930. Au Royaume-Uni, près de 2 millions de « journées individuelles non travaillées » ont été comptabilisées en 2022 ; là où la moyenne des jours de travail perdues pour fait de grève ne dépassait pas les 200 000 au cours des dix dernières années. D’autres pays connaissent également une flambée des grèves et des mobilisations : France, Grèce, Belgique et même l’Allemagne qui avait pourtant la réputation d’être le paradis du dialogue social. Pour comprendre ce retour inattendu des grèves et des mobilisations, il faut parfois changer de lunettes ou adopter un angle de vue plus adéquat… Publié en 1998, en pleine période de déclin de la conflictualité sociale et du syndicalisme, John Kelly publie un ouvrage qui fera date : Rethinking Industrial Relations : Mobilizations, Collectivism and Long Waves. A rebours des idées reçues d’alors, les thèses qu’il défend s’avèrent aujourd’hui bien plus pertinentes et cohérentes que celles qu’évoquaient les chantres du postmodernisme, de la société post-industrielle, de la fin de la classe laborieuse et surtout de l’inéluctable déclin du syndicalisme. Ouvrage méconnu en France, il me semblait judicieux d’en faire une recension en pleine résonance avec le temps présent.

John Kelly est professeur en relations industrielles à l’université de Birbeck à Londres, une institution qui s’est spécialisé dans la formation continue pour adultes. Il fut auparavant, pendant près de vingt ans, professeur à la London School of Economics. Né de famille irlandaise à Derby, John Kelly a poursuivi des études universitaires à l’université de Sheffield où il a obtenu un doctorat en psychologie en 1979. Engagé syndicalement et membre actif du Parti Communiste Britannique jusqu’à sa dissolution en 1991, John Kelly s’est spécialisé dans l’étude du syndicalisme, des conflits de travail et l’analyse comparée des relations d’emploi. Lire la suite